Cette année nous fêtions les 100ans de la fruitière vinicole de ma ville d'origine:Arbois.
A cette occasion, une "sculpture" à été érigée.
L’œuvre offerte aux arboisiens peut être décrite de la manière suivante : une colonne de sept tonneaux jaunes terminée par un demi tonneau jaune…
La première fois que je suis passée devant j’avoue que j’ai été choqué par cette asperge jaune Ma réaction a été : « mon Dieu que c’est moche ! »
Je n’ai pas pu aller à l’inauguration, mais me suis tenue informée.
D’après Monsieur le Maire : La colonne, solidement encrée dans le sol représente les racines de la fruitière vinicole, ce qu’elle a été pendant un siècle. Le côté inachevé (demi tonneau au sommet) signifie que la fruitière à évoluée et qu’elle perdurera.
J’ai trouvé cette explication intéressante et j’ai donc voulu dépasser mon sentiment prédominant de « c’est moche ». Je me suis dit qu’effectivement, une œuvre n’a pas besoin d’être esthétique pour être appréciée, que sa conception technique et le résonnement de l’artiste pouvait donner une autre valeur à la réalisation.
Dans un premier temps je me suis entretenue avec la responsable culturelle d’Arbois :
« _ Quel est le but de cette œuvre ?
_ Nous aimerions que les arboisiens se demandent si la fruitière vinicole sera capable d’évoluer à travers les siècles.
_ Excusez moi mais ce n’est pas la question que se posent les habitants ! Mais je dois reconnaitre que la colonne a le mérite de lancer un débat sur l’art contemporain.
_ Justement il était temps qu’ils s’ouvrent à cette forme d’art !
_ ( hum traite les d’incultes on te dira rien !) Mais vous ne trouvez pas que c’est un peu brutal comme première proposition d’œuvre contemporaine ?
_ De toute façon c’était maintenant ou jamais sinon les subventions nous seraient passées sous le nez ! Et puis si vous voulez donner votre avis, l’artiste donnera une conférence à laquelle vous pouvez assister, il dit lui-même avoir besoin de détracteurs. »
Cette conversation ne m’apparaissant pas très enrichissante, j’ai donc assisté à la dite conférence. J’en ai donc appris un peu plus sur l’œuvre, à commencer par son nom : « la colonne Béthanie ». L’artiste utilise une technique assez intéressant qui consiste à mouler les objets pour en sortir une emprunte en matière plastique. Ici, il n’avait pas moulé le tonneau en lui-même comme je le pensais, mais l’intérieur du tonneau pour donner en quelque sorte l’empreinte du vin. Suite à la présentation de son travail, nous pouvions poser quelques questions à l’artiste :
« _ Pourquoi cette couleur jaune ?
_ Simplement par ce que le Jura produit du vin jaune, un arboisien m’a confier que cette couleur sur matière plastique rappelle la cire qui bouche les bouteilles de vin, on peut donc aussi retenir cette explication.
_ Pourquoi avoir utilisé la matière plastique et pas un autre matériau qui aurait plus rappelé le vin comme le beau par exemple ?
_ Par ce que ce n’est pas ma technique de travail.
_ Quelle est la signification du nombre de tonneau ou la hauteur de l’œuvre ?
_ Il n’y en a pas vraiment, en faire une plus haute aurait couté trop chère. »
… intérieurement je bouillonne…on fait du vin jaune alors on prend la couleur jaune! Un peu facile ! Et on monte la colonne en fonction de son prix ! Encore mieux !
Je pose quand même une question qui me trotte dans la tête depuis quelques minutes :
« _ Pourquoi avoir moulé l’intérieur du même tonneau à chaque fois ? Vous vouliez montrer l’empreinte du vin, l’empreinte du temps également, sachant que le vin n’est pas le même d’une année à l’autre pourquoi ne pas avoir moulé l’intérieur de plusieurs tonneaux différents ?
_ Il aurait fallu que je moule un tonneau par an ? Vous vous rendez-compte du temps que ça prend et de l’investissement financier que ça représente ?
_ Oui, ça aurait pris du temps et couté de l’argent je vous l’accorde mais s’aurait peut être été plus logique…
_ Là on parle d’un travail de mémoire, ce n’est pas le but de mon travail.
_ Célébrer les 100ans de la fruitière vinicole c’est pourtant bien un travail de mémoire ! ...
_ Oui mais je voulais montrer l’aspect moderne de la fruitière!
_ Alors n’expliquez pas la couleur jaune de la colonne par la similitude de la cire qui bouche les bouteilles puisque l’on n’utilise plus de cire de nos jours. »
Intervention d’une amie de l’artiste :
« _ Oui ben on fait bien le vin toujours dans les même bouteilles alors il a pris toujours le même tonneau !
_ Premièrement, on ne vieillit pas le vin en bouteille merci madame, mais en tonneau, objet que Monsieur à choisit de mouler. De plus ce que vous me dites est faux : nos bouteilles sont gravée « jura » à leur sommet et le vin jaune se présente dans des Clavelins, les seuls bouteilles n’ayant ni la même forme ni la même contenance que les autres ! »
Je suis restée à peu près calme pour la fin de la conférence avant d’être achevée par la question du prix de l’œuvre ! 30 000 ! J’hallucine ! 30 000€ pour de la m***e en barre ! (Par ce que cette fois mon opinion est faite sur l’œuvre...). Et le mec ne comprend pas pourquoi la colonne de bidons bleus qu’il avait faite à Besançon est restée seulement une semaine…Et encore ça a été long …une semaine avant qu’un camion ne réussisse à faire exprès de reculer dedans !
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