lundi 25 novembre 2013

Hyperfécondité


Cher lecteur, chère lecteuse,



Voilà un sujet que j'ai envie d'évoquer depuis longtemps sans jamais oser le faire. Le temps a passer, certains esprits dont le miens se sont apaisés. Il est temps.

A l'heure ou la médecine déploie des trésors d'ingéniosité pour aider les plus malchanceuses d'entre nous à concevoir un enfant, personne ne semble penser aux femmes ( pas plus chanceuses) étant dans le cas inverse. En effet, pur la plupart des gens, c'est une bénédiction que d'être hyperféconde. Je devrais donc me considérer comme bénie des Dieux.

Je me rends parfaitement compte que beaucoup (trop d'ailleurs) de femmes autour de moi ont du mal ou n'arrive pas à faire un bébé. Certaines des ces femmes sont proches de moi et je les apprécie énormément c'est pourquoi je n'ai jamais osé aborder le thème de ce qu'elle considérerait comme le saint graal. Comment avoir le culot de me plaindre alors qu'elles tueraient pour avoir ma facilité?

Pourtant maintenant je me rends compte que ce sujet est presque tabou puisqu' évoqué quasi nul part. Alors je me lance. Pour cela, il faut comprendre mon contexte familiale actuel.

Il ya de cela un peu plus de 5 ans, je tombais enceinte de mon premier enfant. J'avais entendue un médecin dire qu'il trouvait le terme "tomber" enceinte mal choisit par ce qu'on ne fait pas exprès de tomber. Dans mon cas le terme correspond parfaitement. Cela faisait 10 ans que je prenais la pilule, je l'ai oublié deux fois dans le mois et cela à suffit à faire de Kikinou et moi des parents. Je ne parle pas ici de grossesse non désirée par ce qu'à l'époque je me sentais prête à être mère et en parlais avec mon cher et tendre (moins prêt que moi). Dans ce cas précis je penche plutôt pour la notion de bébé surprise.

2012. Je suis de nouveau enceinte. Grossesse très attendue pour ma part (des années de négociation) et bien programmée cette fois. J'ai donc arrêté ma contraception et seulement un mois après, un nouveau petit être se lovait au creux de mon ventre.

Le décor étant posé, je peux maintenant m'expliquer. J'entends de-ci de-là qu'à l'heure actuelle et dans notre société, les femmes peuvent choisir le moment ou elles souhaitent être mères. Mais que faire quant la pilule la plus fortement dosée ne fonctionne pas à tout les coups sur vous? Comment s'y prendre quant un stérilet n'évite pas une grossesse extra-utérine?Dans mon cas, on stresse tout les mois à la moindre heure de retard de règles. Un peu plus, et je fêterais leur arrivée chaque mois. Pourquoi moi, je n'aurais pas le droit de choisir le moment ou je vais attendre un enfant? En plus de ça, pas le droit non plus de me plaindre. Trop mal vu par les gens (trop?) compatissants envers celles qui ne subissent pas ma chance.

Pour ma première grossesse il m'a fallut prouver, justifier mes dires. J'étais celle qui faisait un bébé dans le dos de son chéri. Mais c'est con à dire, c'est à moi que j'ai fais un bébé dans le dos. J'aurais tellement voulu choisir le moment. En parler avec Kikinou, prendre la décision ensemble. Concevoir notre enfant dans notre tête et dans notre coeur avant de le concevoir vraiment. C'est éprouvant de s'entendre dire qu'on va être mère en pensant que cela va poser problème. Que la question de l'avortement va être abordée. Et toujours pas le droit de se plaindre par ce que "tout le monde n'a pas ta chance!".

Ma chance?
    C'est une malédiction ma chance!

On m'a dit, il y a peu, que certaines "abusent de l'avortement". Qu'en dehors des femmes trop jeunes, en situation précaire ou victimes de viol, l'avortement ne devrait pas être permis. Mais mettez vous à ma place. Cela fait 10 ans que je suis en couple. Nous avons une maison, des enfants, un chien, et chacun un emploi stable. Mais si je retombe enceinte une troisième fois, toujours sous contraception, pourquoi n'aurais-je pas le même droit que les autres de dire que non, je ne veux pas d'un troisième enfant?

Je sais pertinemment que mes propos vont déranger certaines personnes. Mais si je comprends la douleur des femmes n'arrivant pas à être maman, j'aimerais qu'on fasse l'effort de comprendre ma souffrance.

Celle de ne pas avoir le choix, celle de se taire. Mon calvaire à moi c'est de trouver un moyen de contraception efficace avant d'avoir l' âge requis pour me faire ligaturer les trompes. C'est de ne pas écouter le corps médical qui me dit qu'en allaitant je ne peux pas tomber enceinte alors que j'ai fait mes retours de couche le mois suivant mes accouchements. C'est de devoir culpabiliser.

Je sais que c'est injuste (la vie, Dieu,le destin? On s'en cogne). Si je pouvais aider, en faisant un don d'ovocyte, un membre de ma famille ou une amie, je le ferais avec joie. De ce poids qui pèse sur moi, il sortirait quelque chose de beau.

Ce blog étant le mien, je peux m'en servir comme d'un exutoire. Je ne lance pas une bouteille à la mer. J'espère ouvrir les yeux de personnes se voulant bien pensantes et tendre une oreille à celles qui comme moi, ne considèrent pas l'abstinence comme une solution.


                                                                                                                                           SAS Mme Bidou





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