mercredi 17 janvier 2018

Les petits mouchoirs

Ce soir je trie les petits mouchoirs.

Ma maman m'a donner un stock de vieux mouchoirs en tissus. Voilà un peu plus d'un an je crois que j'ai fais le choix de tendre vers le zéro déchet, donc ça s'inscrit bien dans cette démarche.

Voilà plusieurs années qu'ils dormaient au fond d'une armoire chez mes parents alors il a fallut les passer à la machine.

Et là, je tombe sur de petites pépites... Là ou le profane ne sent que l'odeur de la vieille poussière mélangée à celle de la lavande, je sens l'odeur de la madeleine de Proust.


Ma première découverte est un peu mélancolique.
Un beau R bleu brodé.
R.
C'est l'initial de mon pépé. C'était quelqu'un de très dur de nature. Le deuil de son dernier enfant l'a rembrumi encore. Il est partit le rejoindre en 2005.
Ce mouchoir ça m'évoque un nez semblable à celui de Galabru, une démarche dandinante à cause de l'embonpoint et de la vieillesse, la remise comme une caverne aux merveilles remplit du bric à vrac des puces et brocantes, le pilpil de blé, l'humour foireux et les jeux de mots qui nous prenaient à ma soeur et moi des années à comprendre, les parts énormes de brillat savarin, et la vieille camionette garée au fond à droite contre la grange dans la cours.
Qu'est ce que je fais? Je le donne à Mémé? Je ne sais pas, je vais déjà le faire sécher on verra bien après.


C'est en replongeant mes mains dans les carrés de tissus mouillés que je fais mes trois trouvailles suivantes.
Trois prénoms pour un seul nom de famille. Des étiquettes en tissus cousues, pour ne rien perdre en collo.
Mes cousins.
Et rien que d'écrire le mot COUSINS,je te jure, je souris.
Je suis à l'Aberg', je me cache sous le lit du grand avec les deux autres parce qu'on sait très bien qu'on avait pas le droit d'entrer dans sa chambre et de toucher à son amstrad et ses vinils d'ACDC, le plus jeune fait de supers dessins qui me fascines, on fait des randos en famille le dimanche et les deux derniers font les quatre cent coups, on va au ski et on y fête même mon anniversaire, on a beau lutter on s'endort sur le canapé en attendant le père Noël qu'eux ont vu dans le ciel mais pas moi et on grimpe sur le toit du garage du tonton Jack en jurant un peu plus tard qu'on ne s'en est pas approché.


Ce soir dans mon salon il y a une odeur de poussière ancienne, de lavande, et de petits nez qui reniflent parce que les graviers incrustés dans les genoux ça pique quant on met du rouge.





1 commentaire:

  1. Quel beau texte, Emie ! Et que de souvenirs, si bien retranscrits !
    Tes lignes m'ont beaucoup émue...
    Maman

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