mardi 28 juin 2016

Je te demande pardon

Parfois ça peut faire mal d'être maman.
Réellement.
Physiquement et émotionellement.


Ceux qui me connaissent vous le diront, j'ai un seuil de tolérance assez élevé quant aux attaques personnelles et autres vacheries. Il y a pourtant un terrain sur lequel il ne faut pas s'aventurer avec moi: mes enfants. Du moment où on s'en prend à mes minimois je montre les crocs.



Il y a quelque temps j'ai été amenée à me poser pas mal de questions. Aurais-je fais de ma grande un bourreau? Le genre de pestes que je détestais étant petite? Je sais qu'elle a un caractère très fort. Je sais qu'elle fait difficilement des concessions. Je suis très bien placée pour savoir qu'elle n'est pas facile à vivre. Cependant j'ai toujours fais en sorte qu'elle applique certaines valeurs importantes pour moi. Prendre soin des plus vulnérables. Être honnête, intègre. Respecter une parole donnée. Accorder plus d' attention aux qualités qu'aux défauts des autres.



Alors quant on vient l'accuser de tout les maux de la terre... Quant on semble croire que les autres n'ont rien à se reprocher... Quant on vient me dire comment l' élever... Quant leurs oies blanches se sont déjà confiées à moi...

J'ai été tentée de leur cracher au visage qu'avant de faire le ménage chez les autres on balaye devant sa porte. Ça  bouillonnait dans mon corps et je voulais blesser autant qu'on me blessait.


 J'ai serré les dents.

Par amour, par soucis de donner l'exemple, par désir de rester digne de confiance.

J'ai serré les dents

 Peut être que je vieillis? Je ne sais pas.


 Je n'ai pas fait de grand déballage mais je l'ai défendue. Je m'en voulais. D'avoir trop attendu. De ne pas avoir cru à ce qu'elle me racontait. D'avoir pris ça pour des enfantillages et de ne pas avoir compris que même si ça en était, ma fille avait besoin de moi. J'ai culpabilisé de ne pas l'avoir entendu. On me l'a présenté comme un bourreau alors que les semaines précédentes me la présentaient en victime. J'exècre tellement les parents qui défendent mordicus leurs bambins même quant ils ont tord, et j'ai tellement minimisé les choses que je n'ai pas cru ma propre fille. Je me disais, elle en rajoute, elle fait d'un grain de sable une montagne, elle a la larme facile.




Qui n'a pas entendu, après l'annonce d'un suicide, cette remarque débile qui ne sert qu'à culpabiliser les endeuillés: "Mais personne n'a rien vu?". J'ai repensé à Nora Fraisse, à sa Mayon. J'ai ressortit son bouquin de la bibliothèque. C'est si simple et si rapide de passer à côté des signes.


J'ai soupiré de soulagement, consciente de la chance que j'ai.

Ce soir là je me suis promis d'être plus attentive.


Ce soir là j'ai demandé pardon à ma fille.

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